Quatuor no1, “Funambules” de Pierric Tenthorey + “Une Nuit, Barcelone” de Jérôme Giller

2 expérimentations comiques créées au théâtre 2.21, Lausanne, du 17 au 29 janvier 2012 au 2.21

Mise en scène : Jérôme Giller et Pierric Tenthorey

Jeu : Sophie Bocksberger, Pauline Klaus, Jérôme Giller, Pierric Tenthorey

Lumière : Nicolas Mayoraz

Le projet

Jérôme Giller et Pierric Tenthorey produisent des pièces contemporaines dans le cadre universitaire depuis maintenant sept ans. Leur répertoire est varié, alternant pièces classiques (King Lear, Antigone, L’Ecole des femmes, Dom Juan) et des créations (Un Trop peu – , Impromptu de la peau, La Fable des oiseaux concentriques).

Parallèlement, ils ont exploré diverses voies artistiques telles que spectacle burlesque, musique, littérature et peinture.

Jérôme Giller a récemment écrit la bande son du film Retourne-toi de Marc Décosterd, achevé la rédaction d’un roman, Recherche du Pélican, et sorti 909 femmes de face, album pop rock en vente sur le net.

Pierric Tenthorey quant à lui tourne en ce moment en Europe son spectacle solo Homme encadré sur fond blanc couronné de succès au festival d’Avignon 2009 et 2010. Récemment, il a adapté La Nuit des Rois de Shakespeare (au Théâtre Montreux Riviera en 2010 et au Pulloff en 2011). Il réalise également des courts métrages qui voyagent entre le cinéma burlesque et la Nouvelle Vague.

Dans le cadre de ces projets personnels, ils collaborent soit directement (Jérôme Giller a écrit la musique d’Homme encadré sur fond blanc et Pierric fait partie des musiciens ayant joué sur 909 femmes de face), soit en tant qu’œil critique dans la phase d’élaboration du projet.

Même s’ils ont chacun leur style, ils partagent les mêmes préoccupations et les mêmes références artistiques. Leur travail s’inspire d’auteurs tels que Beckett, Ionesco, Stein, Woolf, Strindberg pour ce qui est du théâtre et de la littérature et Keaton, Lubitsch, Hitchcock, Bergman et la Nouvelle Vague (Godard, Resnais, Rohmer) pour le cinéma.

En ce qui concerne la mise en scène, ils ont des influences aussi diverses que Robert Wilson, Peter Brook, Dario Fo ou James Thierrée. Pour eux, ce qui réunit tous ces auteurs, c’est le fait que leur travail va contre l’uniformisation d’un certain type de narration et de langage artistique (véhiculé par la télévision, le cinéma et la littérature commerciale) très explicatif, linéaire et où toutes les informations sont données, tendant à rendre le public passif et consommateur.

En parallèle aux pièces, les auteurs ont proposé de stimuler le dialogue entre les œuvres et si possible entre les spectateurs et les artistes en présentant quelques travaux issus de leurs autres domaines de créations.

Il est prévu de mettre sur pied deux concerts de Jérôme Giller, une exposition de quelques tableaux de Pierric Tenthorey, deux soirées de projections du film de Marc Décosterd et des courts métrages de Pierric Tenthorey et de faire suivre les représentations par des échanges autour des œuvres et des lectures de textes (aussi bien des œuvres de Beckett ou de Stein que des passages de romans et de nouvelles écrits par Jérôme Giller et Pierric Tenthorey).

Toute cette activité témoignera d’une création artistique suisse et indépendante à qui l’on ne donne pas toujours la parole.

Les deux auteurs ont écrit chacun une pièce courte, comique et abstraite, qu’ils vont faire dialoguer, afin qu’elles se nourrissent et trouvent leur équilibre : l’équilibre entre le masculin et le féminin, la réalité et l’imaginaire, le fond et la forme, l’ancien et le nouveau, le sacré et le profane, à la recherche d’une liberté démocratique dont le théâtre serait le lieu.

Ils seront pour ce projet tour à tour comédiens et metteurs en scène, car ils ont envie d’explorer les possibilités du théâtre, ses multiples formes (en les rapprochant des structures musicales comme la chanson, la sonate ou le quatuor), le passage de l’écriture à la mise en scène et, à son tour, l’influence du jeu sur l’écriture.

Les pièces ne seront pas à proprement parler narratives, car elles chercheront une autre manière de penser et de procurer une émotion au public. C’est une des raisons pour laquelle les auteurs ont choisi de travailler sur deux pièces courtes, dans le but de sortir du carcan type de la représentation théâtrale avec intrigue et personnages psychologiques. Le rythme, la chorégraphie et l’esthétisme devront donc aussi jouer un rôle prépondérant.

Dans Quatuor no1, il n’y a pas de véritable situation dramatique. Comme le titre l’indique, cette pièce est inspirée du quatuor à corde, principalement de ceux de Beethoven, Bartòk et Ligeti où, comme l’ont montré les musicologues, les idées musicales sont souvent extrêmement simples et où l’œuvre tient par ses idées de constructions et de structures. Quatuor no 1 également se construit autour de phrases très simples et ce sont les répétitions de mots, les variations, le rythme et le corps qui sont les moteurs de l’action et non une histoire.

Les scènes qui constituent la pièce Une Nuit, Barcelone sont également construites comme de petits morceaux de musique, mais, à la différence de Quatuor no 1, basés sur la culture rock actuelle. Chaque scène touche de près ou de loin à la musique et possède en elle-même une construction musicale, elles sont comme les « dix-titres-de-trois-minutes » qui constituent un album. L’ambiance d’Une Nuit, Barcelone se veut légère, poétique et comique. Les scènes sont écrites pour permettre aux acteurs tous les débordements imaginables. Une grande place est donc laissée à l’inspiration du moment, comme un guitariste ré-improvisant son solo de guitare à chaque performance: le cadre est précis, mais l’énergie du moment même compte énormément. L’idée étant, pour ces deux pièces, de rompre avec la côté « magique » d’une narration qui procurent des émotions « directes », liées à l’histoire racontée. Il n’y aura donc pas ou peu d’émotions dues à la narration, le défi sera de les procurer au public par les situations comiques, burlesques ou inattendues, mais aussi par les acteurs, les éclairages et la mise en scène.

Quatuor no1, “Funambules” de Pierric Tenthorey

 

“Une Nuit, Barcelone” de Jérôme Giller